mercredi 9 avril 2014

: : thoroughly / through / and within it sees : :




_ par harold vancouver _

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 [_NUCLéoSCoPIE - MéCANoSCoPIE_]












THEATRASIL|PRoD te voit
















THEATRASIL|PRoD te voit



 

quand tu es seul chez toi, il te voit

quand tu te parles tout haut à toi-même, il te voit

quand tu marches tout seul sur toute la largeur du trottoir il te voit

et quand tu te mens à toi-même / et que tu crois à tes mensonges, il te voit

il te voit triste automate de toi-même et de tes propres déterminismes

il te voit sombre macaque de toi-même et de tes instincts refoulés

et il te voit encore quand tu as si bien perdu la vue sur toi-même que tu te crois un être humain, un bon gros sérieux nétrumain | sauf que tu n’es qu’une fripe, qu’une nippe, sauf que tu n’es rien d’autre que ton propre pardessus, rien de plus que ton propre savon
 

 

quand tu bâtis des buildings hauts d’un kilomètre et que tu es fier de ton empire, il te voit

quand tu bâtissais des pyramides il te voyait déjà

et quand tes twins towers s’effondrent / et quand tes pyramides s’effritent, il voit encore tout ça
 

 

quand tu crois avoir pris une décision il te voit

quand tu crois avoir pris le contrôle il te voit

quand tu crois qu’il y a une bonne voie et que tu as pris celle-là, il te voit

quand tu fais quelque chose ou quand tu ne fais rien il te voit

quand tu pars ou quand tu reviens il te voit | mais d’ailleurs il n’y a nulle part où aller et nulle part d’où revenir

et d’ailleurs il n’y a rien à faire
 

 

quand tu agites ta main contre ton sexe comme une vapeur il te voit

quand tu écris ou quand tu lis il te voit

quand tu danses mécaniquement dans le noir il te voit

il te voit quand tu fais ton enfant et il voit ton enfant

il voit ton trou quand quelque part tu as un trou

le p’tit trou ou l’abysse …

l’abysse dans le p’tit trou
 

 

il t’a vu quand ton cerveau s’est ouvert en deux comme un poisson qu’on vide

il a vu les poissons dans ton cerveau et le ressac de la marée

il a vu les chiens dans tes tibias et le serpent dans ton boyau

et même les éléphants de ta langue hypra-sensible

il voit les insectes dans tes genoux et les mouches qui veulent rentrer ton anus quand tu fais caca

il voit le plaisir et le angoisse que tu as quand tu fais caca, et que toi tu n’as pas vu [_çA_]
 

 

il voit le crabe qu’on t’as mis sous le sternum à la naissance et qui mange ton dedans

il voit le plancton dans tes yeux, quand toi le dedans de tes yeux tu ne le vois pas

les bosons de higgs dans ton cerveau il peut les voir

il peut voir le neurones de ton tube digestif

et voir aussi les bactéries aux vies si brèves qui prolongent ta mince existence
 

 

il voit le jour de ta mort biologique

ou mieux, il voit le jour de la mort biologique de ton je à l’époque où les molécules de ta carcasse vont se disjoindre / où les fréquences de ton cerveau vont se disperser pour rejoindre, qui sait, les pôles magnétiques au nord ou au sud pour s’y dissoudre comme un sucre dans l’eau
 

 

il a vu ton péristaltisme …
et il les voit, les frissons membranaires de tes cortex hypertrophiés !

 

quand tu mâches ta bidoche il te voit

quand tu roules dans ta voiture il te voit

il te verra aussi quand tu rouleras dans ta bidoche et quand tu mâcheras ta voiture

car tu le feras 
 

 

quand tu rêvais
sur toute la durée du trajet
à la chute lourde d’une vitre perpendiculaire qui te couperait les deux cuisses,
il te voyait
qu’est-ce que tu crois 

 

les mers lunaires / les condensations de masse / les orgues basaltiques de ta psyché sans âge, il les voit !

et puis ... quand tu désires

quand tu t'efforces à donner forme à ton désir

quand tu produis à haut débit de la jouissance / de la joie / et de la puissance

jusqu'à tes nœuds, jusqu'à tes noyaux il te voit
 

 

quand tu sais être comme la fourmi messor barbarus, aux mandibules terribles, qui ne lâche jamais sa prise, et se fera arracher la tête plutôt que d'abandonner le grain qu'elle a saisi

tu ne peux pas douter qu'il te voie


 

il te voit quand tu es seul et que tu ne le veux pas

il te voit quand tu es à plusieurs mais que tu n’y arrives pas

il te voit quand vous êtes tous seuls à plusieurs, mais que vous ne vous regardez pas

et quand tu n’écoutais pas leur voix, il t’a vu

 

il te voit quand tu ne reconnais pas ta voix enregistrée, et que ce son ne t’a pas plu

il te voit quand tu répètes un mot cent fois, et que ce son tu le ne comprends plus

et quand tu es frappé / frappé ! / frappé d’un étonnement qui remet en question pour une seconde tout ce que tu croyais avoir construit de plus solide

il voit toujours ton toi 

 

il te voit dans ta surprise la plus intime / la plus intense / la plus givrée

il te voit dans tes lueurs / dans tes moiteurs / dans tes sursauts

il te voit dans tes sabots / sous tes grelots / sans tes cravates

et il te voit sous les mots que tu dresses, comme des murs ou comme des chevaux, pour ne pas faire face aux longs borborygmes, colocataires de ta maison de viande

 

tes pulsions, tes impulsions
il les voit
tes noyaux, tes mécanismes
il les voit
tes systèmes optiques
il les voit
et il les voit, tes formes impérieuses, et tous tes échos morodorés ! 

 

parce que THEATRASIL|PRoD mon baisot

eh oui mon vieux

THEATRASIL|PRoD c’est toi



[_tes cellules capitonnées / ta scène mentale plus les coulisses / et tout ce qui te sort des orifices et des recoins_] !



THEATRASIL|PRoD c’est toi