_ par harold vancouver _
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[_NUCLéoSCoPIE - MéCANoSCoPIE_]
THEATRASIL|PRoD te voit
THEATRASIL|PRoD te voit
quand tu es seul chez toi, il
te voit
quand tu te parles tout haut
à toi-même, il te voit
quand tu marches tout seul sur
toute la largeur du trottoir il te voit
et quand tu te mens à
toi-même / et que tu crois à tes mensonges, il te voit
il te voit triste automate de
toi-même et de tes propres déterminismes
il te voit sombre macaque de
toi-même et de tes instincts refoulés
et il te voit encore quand tu
as si bien perdu la vue sur toi-même que tu te crois un être humain, un bon
gros sérieux nétrumain | sauf que tu n’es qu’une fripe, qu’une nippe, sauf que
tu n’es rien d’autre que ton propre pardessus, rien de plus que ton propre
savon
quand tu bâtis des buildings
hauts d’un kilomètre et que tu es fier de ton empire, il te voit
quand tu bâtissais des
pyramides il te voyait déjà
et quand tes twins towers s’effondrent
/ et quand tes pyramides s’effritent, il voit encore tout ça
quand tu crois avoir pris une
décision il te voit
quand tu crois avoir pris le
contrôle il te voit
quand tu crois qu’il y a une
bonne voie et que tu as pris celle-là, il te voit
quand tu fais quelque chose
ou quand tu ne fais rien il te voit
quand tu pars ou quand tu
reviens il te voit | mais d’ailleurs il n’y a nulle part où aller et nulle part
d’où revenir
et d’ailleurs il n’y a rien à
faire
quand tu agites ta main
contre ton sexe comme une vapeur il te voit
quand tu écris ou quand tu lis
il te voit
quand tu danses mécaniquement
dans le noir il te voit
il te voit quand tu fais ton
enfant et il voit ton enfant
il voit ton trou quand
quelque part tu as un trou
le p’tit trou ou l’abysse …
l’abysse dans le p’tit trou
il t’a vu quand ton cerveau
s’est ouvert en deux comme un poisson qu’on vide
il a vu les poissons dans ton
cerveau et le ressac de la marée
il a vu les chiens dans tes
tibias et le serpent dans ton boyau
et même les éléphants de ta langue hypra-sensible
il voit les insectes dans tes
genoux et les mouches qui veulent rentrer ton anus quand tu fais caca
il voit le plaisir et le
angoisse que tu as quand tu fais caca, et que toi tu n’as pas vu [_çA_]
il voit le crabe qu’on t’as
mis sous le sternum à la naissance et qui mange ton dedans
il voit le plancton dans tes
yeux, quand toi le dedans de tes yeux tu ne le vois pas
les bosons de higgs dans ton
cerveau il peut les voir
il peut voir le neurones de
ton tube digestif
et voir aussi les bactéries
aux vies si brèves qui prolongent ta mince existence
il voit le jour de ta mort
biologique
ou mieux, il voit le jour de
la mort biologique de ton je à l’époque où les molécules de ta carcasse vont se
disjoindre / où les fréquences de ton cerveau vont se disperser pour rejoindre,
qui sait, les pôles magnétiques au nord ou au sud pour s’y dissoudre comme un sucre
dans l’eau
il a vu ton péristaltisme …
et il les voit, les frissons membranaires de tes cortex hypertrophiés !
quand tu mâches ta bidoche il
te voit
quand tu roules dans ta
voiture il te voit
il te verra aussi quand tu rouleras
dans ta bidoche et quand tu mâcheras ta voiture
car tu le feras
quand tu rêvais
sur toute la durée du trajet
à la chute lourde d’une vitre perpendiculaire qui te couperait les
deux cuisses,
il te voyait
qu’est-ce que tu crois
les mers lunaires / les
condensations de masse / les orgues basaltiques de ta psyché sans âge, il les
voit !
et puis ... quand tu désires
quand tu t'efforces à donner forme à ton désir
quand tu produis à haut débit de la jouissance / de la joie / et de la puissance
jusqu'à tes nœuds, jusqu'à tes noyaux il te voit
quand tu sais être comme la fourmi messor barbarus, aux mandibules terribles, qui ne lâche jamais sa prise, et se fera arracher la tête plutôt que d'abandonner le grain qu'elle a saisi
tu ne peux pas douter qu'il te voie
tu ne peux pas douter qu'il te voie
il te voit quand tu es seul et que tu ne le veux pas
il te voit quand tu es à
plusieurs mais que tu n’y arrives pas
il te voit quand vous êtes
tous seuls à plusieurs, mais que vous ne vous regardez pas
et quand tu n’écoutais pas
leur voix, il t’a vu
il te voit quand tu ne
reconnais pas ta voix enregistrée, et que ce son ne t’a pas plu
il te voit quand tu répètes
un mot cent fois, et que ce son tu le ne comprends plus
et quand tu es frappé /
frappé ! / frappé d’un étonnement qui remet en question pour une seconde tout ce que tu
croyais avoir construit de plus solide
il voit toujours ton toi
il te voit dans ta surprise
la plus intime / la plus intense / la plus givrée
il te voit dans tes lueurs /
dans tes moiteurs / dans tes sursauts
il te voit dans tes sabots /
sous tes grelots / sans tes cravates
et il te voit sous les mots
que tu dresses, comme des murs ou comme des chevaux, pour ne pas faire face aux
longs borborygmes, colocataires de ta maison de viande
tes pulsions, tes impulsions
il les voit
tes noyaux, tes mécanismes
il les voit
tes systèmes optiques
il les voit
et il les voit, tes formes impérieuses, et tous tes échos morodorés !
parce que THEATRASIL|PRoD mon
baisot
eh oui mon vieux …
THEATRASIL|PRoD c’est toi
[_tes cellules capitonnées / ta scène mentale plus les coulisses
/ et tout ce qui te sort des orifices et des recoins_]
!
THEATRASIL|PRoD
c’est toi

