mardi 29 octobre 2013

: : particle accelerator : :




 _ par ruthford longues _

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[_éLECTRo-ENCéPHALoGRAMME : I_]










quand les extrémités de mes membres sont glacées, et qu’une fièvre âcre et joyeuse coule dans la pulpe de mon corps

quand mon ossature ocre est comme un temple

quand ce que fait au poulpe le pêcheur, qui enfonce les pouces dans le corps du céphalopode et le retourne comme un sac, lui faisant, tripes à l’air, cracher son jus noir, je peux le faire à mon cerveau

quand la caféine fait paratonnerre sous la tempête qui se prépare

quand je me répands sur mon propre inconscient comme sur un lac la cuillérée d’huile

quand mes synapses, quand mes intestins sont des échangeurs d’autoroutes américaines

quand j’ai un crâne d’écorce terrestre et le front comme l’himalaya

quand tout s’articule aussi merveilleusement qu’un beau million de métacarpes

quand [_çA_] transperce

quand mes milliards de bactéries ont efficacement recyclé ma merde, et que j’expulse tout ce que je contiens depuis la poche rectale jusqu’au tiers du côlon transverse

quand il est bien certain que je ne cracherai pas toutes mes dents en tessons, et bien certain aussi que ces deux hommes que j’ai croisés un jour au coin de la rue hydraulique et de la rue de la charité à bruxelles, et que je n’avais jamais vus avant, ne parlaient pas de moi

quand mes clavicules tiennent leur place dans la mâture sans que, pris d’abjects sursauts, je ne pense à elles comme à des brindilles cassantes

quand, pour n’avoir pas accrochés aux genoux les quadriceps de [_L'auTRE_] , j’ai su découper les aponévroses

quand les chimiothérapies mentales réduisent dans mon larynx la masse des métastases-névroses

quand j’ai tout le corps comme [_UN GANGLIoN MéSENTéRIQUE_]

quand il n’existe plus d’effroi, mais une curiosité électrique et joyeuse pour les locataires de mon manoir d’obsession : [_MéTAMoRPHoSE DE MES PHANèRES EN PHALèNES_] ou bien [_jE SCIE MoN FéMUR_]

quand mes muscles s’émerveillent dans le mouvement, comme moi dans un roman du XIIè siècle

quand j’ai tout le corps comme [_UNE ZoNE éRoGèNE_]

quand je ne marche pas avec mes pieds, mais avec mon sexe et mon anus en érection

quand je suis face à [_çA_] , quand je peux caresser [_çA_] du dos de la main gauche et lui saisir la nuque de la main droite, pour rapprocher [_çA_] de mes lèvres et l’embrasser avec la langue

quand j’ai les pupilles comme des gueules de vers voraces ou comme des vagins

quand je porte le monde entier à ma bouche

et quand ma peau se trouve enfin grainée telle qu’un vélin











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