_ par alexander crohn_
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[_FIGURES ANAToMIQUES : I_]
il faut ouvrir la boîte fécale
décompresser l'obscur
laisser aller le pulsionnel brun du [_CACA_]
ne rien retenir
arrêtez de vous chier en-dedans
laissez sortir
c'est là
et vous savez cela
et si vous savez celer le noir [_çA_] du [_CACA_]
vous ne pourrez jamais par le déni l'anéantir ni l'inexister
finissez donc de vous déhancher comme de petites princesses putains,
mesdemoiselles
comme des petites putes en mousseline
arrêtez donc de bomber le torse, et de bander / bander ! / bander vos muscles,
messieurs
on le sait bien
femelles
que vous êtes des charognes sanglantes
on le sait
mâles brutaux
que vous n'êtes que de la graisse blême, et [_JauNE_]
alors soyez [_JauNES_] comme vos lipides
soyez pourpres comme vos menstrues
soyez bruns comme vos diarrhées, et noirs comme l'angle mort de votre [_çA_]
vous qui croyez tenir debout
et moi qui crois / qui crois ! / qui crois aussi tenir debout !
vous qui croyez tenir debout devant vos immeubles debout qui
s'effondrent au premier 11 septembre, qui tombent au plus crasseux des
14 juillet
vous qui noyez dans vos debouts vos glaires en concrétions grainées qui
voudraient s'ex – fouler de vous
de vos tripes et de vos boyoux
mais vous re – foulez en-dedans
vous vous crachez dans le dedans, pollueurs aveugles de votre œsophage dévoyé
de votre œsophage anguleux
votre pauvre œsophage à scoliose / à névrose / à jaunisse
car à force de ne plus regarder où vous mettez les mains, vous les retrouvez
empoissées des ignobles grains du marc de café
[_IMAGE VoMITIVE
DE L'INSIDIEUSE
DE LA LIQUIDE
ET DE LA TRIoMPHANTE NéVRoSE_] ...
DE L'INSIDIEUSE
DE LA LIQUIDE
ET DE LA TRIoMPHANTE NéVRoSE_] ...
[_DU MARC BRUN SUR LES DoIGTS PoISSEUX_] !
[_INDéCRoTTABLES PoUSSIèRES DE MERDE SUR LES DoIGTS_] !
alors, asseyez-vous, couchez-vous, là
personne n'a jamais pu chier debout
allongez-vous, détendez-vous, c'est cela, comme cela
et si un peu de merde torture et tord votre [_MoI_] dans l'effroi
dans l'affolement panique des bêtes
souvenez-vous de mes comptines :
quand tu seras dans ton trou
et d'épais lombrics partout
ton cou avec tes cravates
tes joues avec tes paupières
tes peinturlures sur ton masque
tes jambes ta panse tes dix doigts
tes intestins à l'arrêt
ton trou à merde bouché
tout [_çA_] se transformera
en une pulpe d'infect
en un paquet de pourri
un tas de viande à lombric
et ta merde d'épouvante
merde du dedans d'horreur
tout l'abjecté de ton [_MoI_]
c'est tout ce qui restera
de ce que tu nommais toi
c'est tout ce que tu seras
et ta chair de sac à merde
chair de boîte à merdedans
deviendra de la viande – merde
contenu et contenant
ne seront plus qu'une seule chose
parce que la mort, mon vieux
c'est l'une des victoires du [_çA_]
que tu crains dans ton [_CACA_]
et par [_CACA_] bien sûr je veux dire tout l'effroi du [_çA_]
le [_çA_] matérialisé, concrétisé, durci, qui perd sa cédille et se répète,
comme on répète ses erreurs / ses lapsus / ses désastres
comme on pète/ et pète ! / et re – pète encore tant qu'on n'a pas été chier,
car le fécal dans le côlon ne cesse d'émettre du méthane sous l'effet des bactéries de la digestion
et par [_çA_] bien sûr je veux dire tout l'effroi de l'obscur
l'obscur de la pulsion brune
l'obscur de la contradiction
l'obscur péristaltique des mouvements et des désirs incontrôlés
l'obscur de votre méchanceté
du cruel, de l'infâme, du pervers dans le [_MoI_]
l'obscur de ce que vous appelez [_LE MAL_] / ou [_L'IGNoBLE_] / ou [_LE SALE_] , et que vous préférez abjecter dans les coins obscurs du
[_MoI_] plutôt que de le regarder
mais mon vieux, tu devrais plutôt le voir en face, ton [_çA_]
oui, c'est cela
tu dois l'en – visager
c'est-à-dire regarder sa face, regarder son visage
être de visage à visage comme on se met de plain-pied, plutôt que de tourner la tête
plutôt que de surcompresser l'obscur dans l'angle mort de notre champ de vision
et faire des tours / des tours ! / de pauvres tours de merde en rond

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