dimanche 1 décembre 2013

: : the room / come on / you know what i mean : :




 _ par ruthford longues _

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[_éLECTRo-ENCéPHALoGRAMME : I I_]

 





je paie quelque fois une visite aux habitants de mon manoir d’obsession et nous passons un petit quart d’heure ensemble | je n’en vois jamais qu’un à la fois, car ils sont tous passablement [_HYSTéRIQUES_] | moi, je me décide à y aller seulement quand … quand c’est évidemment le temps propice | mais eux ont enfoncé des [_CRoCS_] dans [_MoN FoIE_] , dans les tumeurs de mon larynx et dans quelques unes de mes glandes endocrines, et il arrive que l’un d’eux tire soudain sur les chaînes fixées à ces [_CRoCS_] , tire, avec une puissance de paquebot, et me fasse entrer de force dans mon manoir…

si cette [_EFFRoYABLE_] traction ne m’est pas imposée (elle ne l’est jamais que par les pires d’entre eux, ceux que je ne viens voir de moi-même que dans des circonstances si rares… si singulières…) la rencontre, toujours joyeuse, toujours vive, toujours étonnante et bizarre, se fait sur un mode qui n’est semblable à nul autre :

ce n’est pas une discussion, pas même de celles qui tiennent plus du squash que du tennis | ce n’est pas de l’effeuillage | ce n’est pas non plus une séance chez le psy | ni une engueulade | ni du théâtre | ni du voyeurisme au trou de serrure | ce n’est jamais une visite au musée | ni une exhibition monster trucks | ni une vitrine d’antiquaire | ni une masturbation devant un porno | ni du freaks | encore moins une ballade | pas plus qu’un viol | ni de la pêche en haute mer | ce n’est vraiment pas du tango | ni un match de boxe | et ce n’est même pas une rave party !

(et pourtant, cela tient un peu de toutes ces choses, un tout petit peu, par je ne sais quelle pointe d’aiguille, par le sommet d’aiguille de je ne sais quel polyèdre tournoyant)

c’est d’abord, par la perpétuelle agitation chimio-électrique du [_PAQUET_] cérébral, une promenade, dans des paysages internes ou externes, m’amenant jusqu’aux autres-jardins

c’est, dans les autres-jardins, l’obéissance à mes jambes, qui décideront de trouver / jamais le même et toujours identique / le chemin sismographique et arabesque vers l’entrée du manoir

et c’est le rendez-vous avec l’obsession, souriante et parfumée, qui se laisse d’abord regarder, comme on scrute une pièce que l’on n’avait pas vue depuis longtemps | elle fait ses petites mines habituelles pour nous séduire, les mêmes que nous fait la prostituée qui a encore ses vêtements mais déjà son oseille | moi, je regarde les murs de la pièce et les étagères / les armoires / les tables de nuit / les crochets / les porte-manteaux où sont rangées, empilées, amassées en vrac toutes ces choses que je lui ai fait rendre la fois d’avant

elle, se met à tourner sur elle-même, pour déployer ses grâces pas évidentes, partiellement démoniaques, souvent bizarres comme une clavicule qui fait un angle sous la peau, mais émerveillante aussi telle qu’un joujou, et quand même éloignée, le plus souvent, du > psychosis-pit >, l’abysse ou [_LE P'TIT TRoU_] de la psychose…

elle, se met à tourner sur elle-même, et se mélangent la proie et l’ombre comme une ébullition, elle tournoie devant moi et mon regard tire d’elle des formes précises et floues comme celle du pied dans l’eau du bain, et je mets ces formes à mesure sur les étagères, dans les armoires, etc., après les avoir longtemps tenues en main / palpées / senties / léchées / et portées à ma bouche

elle, continue à tourner sur elle-même, tant que les [_MUQUEUSES_] de mes paupières la scrutent, et si la plupart du temps je ne fais que recueillir les formes qu’elle génère en crépitement d’éclosions, il arrive pourtant que je la saisisse et la presse comme un boucher, que je la saisisse / et l’étreigne / et la broie / et la déchire / et pétrisse des morceaux d’elle que je lui arrache joyeusement et que j’attache à des crochets : et cela est très tendre / très joueur / très amoureux, je la pétris comme de la glaise d’amoureuse et sa substance me reste entre les mains / elle laisse une odeur sur mes mains

et elle, continuera toujours à tourner sur elle-même, comme un fouloir, même quand je serai parti | elle continuera à tourner et c’est un loto qui quelquefois, en rêve ou autrement, fera jaillir sa boule sans que j’aie à intervenir, et cette boule très spéciale roulera telle qu’un poisson dans ma bouche jusqu’à ce que je trouve les mots pour la cracher, comme un glaire ou comme un cri de joie, bien des jours plus tard









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